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Yazakan Family
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Samuel Jackan

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This is another photograph of my grand father S.J.Jackan.

Anna-Célia Kendall

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TIYA

Tchyjo JACKAN-KENDALL-1919-2004

RÉTROSPECTIVE - Peintures, dessins

du 10 au 30 Octobre 2005

Maison Nationale des Artistes - Nogent sur Marne

Elle était la dernière des cinq filles de Rebecca et Samuel Jackan.

Son prénom était Tchyjo, Renaissance en hébreu. Mais pour faire plus simple, ou plus modeste, elle se faisait appeler Tiya. Née à Varsovie, elle préférait se réclamer de la Lituanie de ses parents et passait sous silence sa Pologne de sinistre mémoire.

Le sort tragique de sa mère était toute sa souffrance, le nom de son père était toute sa fierté.

Jackan avait été un homme exceptionnel, un Mentch. Ayant joué entre les deux guerres un rôle essentiel dans la reconquête des droits civiques des juifs d’Europe Centrale et la diffusion de leur culture, son Haint, quotidien fondé à Varsovie et distribué dans le monde entier, ainsi que son Parizer Haint, créé à Paris pour soutenir les immigrants chassés par la faim et les pogromes, sont aujourd’hui une mémoire précieuse aux historiens et aux enfants de la diaspora. Qu’importe que la bibliothèque de cet homme d’érudition fut entièrement brûlée par les nazis... car des collections de son journal sont conservées en France et aux Etats-Unis, mais surtout les écrivains tels que Singer, Aleichem, Peretz, qu’il a le premier soutenus et publiés, auront poursuivi leur œuvre. Tiya aimait le rappeler.

De son père elle avait hérité le raffinement, l’esprit vif, l’humour piquant, et un amour immodéré de la polémique. Elle était d’une intégrité irréprochable, d’une générosité sans borne et sans indulgence pour le moindre manquement à la parole donnée. Pas facile. Complexe, elle était encore espiègle, ce qui lui donnait un charme fou.

Après ses pérégrinations dans les meilleures pensions Suisses et Allemandes où elle a parfait sa culture Romantique, cette fleur de l’intelligentsia arrive à Paris en 1936 à l’âge de 17 ans. Elle fréquente l’Académie de la Grande Chaumière et entre aux Arts Déco. À la Ruche elle côtoie ses aînés, amis de Soutine, qui forment l’École de Paris, Mané-Katz, Kikoïne, Krémègne, Schreter… comme elle passés par la prodigue Vilnius. Elle sera gagnée par leur mélancolie alliée à la poésie des « choses simples , dans la filiation de Cézanne. Son voisin de palier, un jeune étudiant de Varsovie, qui deviendra son époux, essaye de vendre leurs tableaux…. quand il ne joue pas aux échecs dans un bouiboui de Montparnasse.

1940, Exode. Le couple se retrouve en Angleterre. Difficile de faire vivre son art entre l’effort de guerre et les abris. Mais il faut survivre. Avec les moyens du bord, elle confectionne de jolies ceintures, des foulards et devient graphic designer. Le temps passe, et il lui vient une fille. Le couple rentre en France, leur pays de cocagne. Pourtant ils se séparent. Mais il faut survivre. Elle peint à main levée de magnifiques tissus pour la haute couture, Lanvin, Esterel, Cardin, Dior… il faut fournir, elle peint, elle peint ces chefs d’œuvres jour et nuit… et tombe malade.

Au sanatorium, en 1970, elle a du temps, et se remet à dessiner. C’est une série de petits formats très mouvementés, un tantinet psychédéliques.

À partir des années 80, la modestie a repris ses droits, de tous petits dessins tendres, des petits collages de petits papiers.

Elle participe à de nombreuses expositions parisiennes, Rachi, Saint-Honoré, Ellora, Montorgueil, Couleurs… quelques dessins voyagent au Vietnam…

Tandis que sur le chevalet elle reprend inlassablement le même tableau, année après année, un auto-portait, dont à force elle a effacé les traits, sur un fond de plus en plus sombre…

À l’occasion de cette rétrospective une cinquantaine d’œuvres seront présentées, huiles sur toiles, bois et carton, aquarelles, dessins et collages, tissus. Une palette forte en noir et en couleur, beaucoup de gris-bleu, bleu-turquoise…

30-40 : études de nus, portraits et natures mortes,

50-60 : maquettes aux décors vifs et pétillants pour le textile,

70-80 : abstraction décorative où parfois le visage de sa fille apparaît.

Quant aux Autoportraits qui jalonnent sa vie, ils sont parmi les pièces les plus originales, les plus fortes et les plus touchantes.

Anna-Célia Kendall.

 

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